L´Hypericum est une plante qui compose notre herbarium. Des analyses phytochimiques ont permis d´identifier cette plante et nous l´utilisons comme standard botanique pour nos analyses d´identification.

Introduction

Originaire d’Europe, l’Hypericum perforatum est une plante largement utilisée pour ses propriétés astringente, cicatrisante, antiseptique et psychotrope. La partie active est constituée par les parties aériennes fleuries qui renferme certains composés caractéristiques comme les naphtodianthrones et les phloroglucinols. En France, le Millepertuis est désormais considéré comme un médicament de phytothérapie ce qui l’amène a être au centre de l’attention pour tous les acteurs du marché pour des questions règlementaires (avec d’autres plantes comme par exemple, celles contenant des dérivés anthracéniques / anthraquinoniques). Etant souvent pointée du doigt sur ce point, les teneurs des substances d’intérêt doivent être suivies pour en garantir la meilleure utilisation possible. Les techniques d’analyses sont nombreuses et les résultats obtenus sont souvent différents d’une méthode à l’autre ce qui peut être problématique pour une plante aussi surveillée. Cette étude va mettre en évidence l’importance d’une analyse adaptée pour identifier l´éspece et sensibiliser sur l´importance d´être critique face aux resultats obtenus lors d´une analyse phytochimique.  

Composition et problematique

Le Millepertuis est connu pour être riche en polyphénols et plus particulièrement les flavonoïdes aglycones et hétérosides de la quercétine. Des biflavonoïdes, plus spécifiques, sont également retrouvés avec des dérivés flavan-3-ol (dérivés catéchiques et proanthocyanidines) ainsi que des acides hydroxycinnamiques et des pigments type chlorophylle et caroténoïdes.

Mais l’activité de cette plante semble davantage provenir des dérivés naphtodianthrones (dont l’Hypericine et la pseudohypericine) ainsi que les phloroglucinols avec l’Hyperforine en tant que majoritaire mais également l’adhyperforine et la furanohyperforine.

Les extraits sec de Millepertuis sont d’ailleurs, typiquement standardisés à 0,3% en hypericine et 3-5% en hyperforine.

Pour le dosage de l’hypercine, une méthode par spectrophotométrie UV est souvent employée et il est important de rester très vigilant car cette dernière peut être sujet à controverse.

En effet, la teneur peut être largement surestimée par ce biais mais certains acteurs, pensant bien faire, font le raccourcis de valider la caractérisation de la plante par la simple présence d’hypericine selon le dosage par spectrophotométrie UV.

Structure moleculaire des molecules composants l´hypericum

Dosage de l´hypericine : analyse par spectrophotometrie UV et comparaison a l´analyse HPLC. 

Le dosage par spectrophotométrie UV est réalisé sans séparation des composés au préalable ce qui signifie que tous les composés seront retrouvés en mélange dans l’échantillon au moment de l’analyse. Parmi  ces composés, nous retrouvons les dérivés chlorophylle qui absorbent dans le domaine du visible tout comme l’hypericine. La chlorophylle est présente dans quasiment toutes les parties aériennes du domaine végétale et nécessite un solvant majoritairement organique pour son extraction tout comme l’hypericine. De plus, l’hypericine présente sa bande d’absorption maximale vers 600 nm (longueur d’onde à laquelle est est dosée par spectrophotométrie UV ce qui présente une interférence directe avec la chlorophylle car cette dernière présente un signal non nul à cette même longueur d’onde (ci-dessous en rouge). En d’autres termes, cela signifie que pour tout échantillon contenant de la chlorophylle, il sera toujours obtenu une valeur non nulle pour la teneur en hypéricine même si l’échantillon en est exempt.

Comparaisons de chromatogrames. A droite un profil obtenu par HPLC-UV de l´hypericine

Lorsqu’un raccourci est pris pour valider l’espèce Hypericum perforatum simplement par la présence d’hypericine déterminée par une méthode par spectrophotométrie UV, il est facile de voir que cela peut être problématique.

En effet, il peut s´agir de n´importe quel extrait de plante contenant de la chlorophylle ayant donné une valeur reponse positive au dosage d´hypericine par spectro-UV. L´échantillon peut être identifié comme du millepertuis alors que ce n´est pas le cas.

 

Conclusion

L’usage du Millepertuis est règlementé aussi, il est important de s’assurer de la qualité de l’échantillon. La disparité des méthodes d’analyse peut rendre leur interprétation complexe mais elle est indispensable pour appréhender la bonne intégrité d’un échantillon.

Comment s’assurer de la qualité de vos échantillons d’Hypericum perforatum ?

Caractériser l’espèce uniquement par la présence d’hypericine est un raccourci à éviter d’autant plus que certaines autres plantes peuvent également en contenir. Une identification par une méthode adaptée (HPTLC ou HPLC) est nécessaire et pour être pertinente, la qualité ne peut être évaluée qu’au travers d’un dosage avec une séparation au préalable (HPLC par exemple)